Skip to main content

Télévision, radio, web, presse… Les médias font partie intégrante de notre société, notamment avec l’émergence des nouvelles technologies. Mais comment les 7 millions de Français sourds et malentendants accèdent à l’information par le biais des médias ? Elioz fait le point sur l’accès aux médias pour les personnes sourdes et malentendantes.

Quelques chiffres sur les Sourds et les médias

Absence d’interprète LSF, sous-titrage de mauvaise qualité… L’étude réalisée par la Fondation Jean-Jaurès et Média’Pi, en collaboration avec l’Ifop, montre que l’accès à l’information via les médias est l’une des difficultés rencontrées au quotidien pour les personnes sourdes et malentendantes (21 %).

Selon l’enquête, 58 % des personnes interrogées constatent que les médias ont fourni des efforts depuis plus de 10 ans pour rendre accessible leurs contenus auprès de la communauté sourde. Sachant que la télévision est le média le plus plébiscité des Sourds (71 %) pour s’informer de l’actualité. Viennent ensuite les sites web (43 %), les réseaux sociaux (29 %, dont 46 % pour les personnes sourdes et malentendantes de moins de 35 ans) et la presse (21 %).

Néanmoins, certains programmes télévisés sont peu accessibles pour de nombreuses personnes sourdes : 69 % estiment qu’il est difficile de suivre un débat politique, 58 % pour un événement sportif et 47 % pour les journaux télévisés. En effet, ces programmes TV sont malheureusement très peu accessibles : absence d’interprète LSF ou trop petit sur l’écran, sous-titres en décalage (par exemple, lors du journal télévisé, les sous-titres traduisent le sujet précédent et non le sujet actuel) qui apportent un retard sur les informations pour les Sourds par rapport aux entendants, sous-titrage de mauvaise qualité (par exemple, des sous-titres qui apparaissent avec un fond transparent ce qui fait que les sous-titres sont illisibles), etc.

La communauté sourde rencontre les mêmes obstacles pour visionner les films et les séries. Par exemple, quand les acteurs parlent français, les paroles ne sont pas sous-titrées comme la série « Emily in Paris » (Netflix). Concernant le cinéma, il y a très peu de films projetés avec les sous-titres (VOSTFR ou VFST) en France. On les trouve seulement dans les grandes villes et à des heures peu adaptées (très tôt le matin et/ou tard le soir). De plus, certains cinémas proposent la boucle magnétique (position T avec les appareils auditifs) qui n’est pas adaptée à toutes les personnes sourdes et malentendantes.

Le saviez-vous ?

Ciné Sens est une association de professionnels du cinéma qui militent pour une accessibilité dans les salles de cinéma pour les personnes sourdes, malentendantes, aveugles et malvoyantes. Cette association mobilise et accompagne tous les acteurs concernés (producteurs, distributeurs, associations de personne en situation de handicap, institutions publiques…), tout en valorisant ses actions auprès du grand public et des médias.

Avant les années 2000, aucune œuvre cinématographique était accessible pour les Sourds. Ces derniers étaient en décalage avec les entendants dès l’enfance avec les dessins animés par exemple. Maintenant avec les nouvelles technologies, les personnes sourdes et malentendantes peuvent rattraper le retard cumulé depuis des années.

Par ailleurs, les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours accessibles pour les Sourds et malentendants (absence de sous-titres, sous-titres coupés au milieu de la vidéo pour continuer de la regarder uniquement avec le son…). La presse écrite et les sites web sont compréhensibles pour les personnes sourdes et malentendantes qui sont à l’aise avec le français (80 % de la population sourde française rencontre des difficultés plus ou moins important avec la langue française). Il existe très peu de contenus web qui proposent une accessibilité pour les Sourds : vidéos sous-titrées avec la présence d’un interprète LSF et d’un codeur LPC, traduction du contenu d’un site web avec un avatar LSF, etc.

Sans surprise, la radio reste le média le plus inaccessible pour les Sourds et malentendants (quelques rares radios comme France Inter rendent accessibles certains de leurs programmes en langue des signes et/ou avec du sous-titrage).

Le saviez-vous ?

Vous êtes sourd ou malentendant et vous souhaitez regarder une vidéo non accessible ou comprendre un podcast audio ? Vous pouvez activer les sous-titres instantanés sur votre navigateur web et/ou sur votre portable (via les paramètres d’accessibilité). Ces sous-titres vont s’afficher automatiquement lorsque les contenus audios démarrent ! Vous pouvez même comprendre la radio avec l’application de transcription instantanée de Google !

54 % des interviewés sourds et malentendants estiment qu’il faut que les responsables politiques s’intéressent davantage aux Sourds, notamment pour une plus grande accessibilité des médias pour les personnes sourdes (36 %).

Les chiffres montrent que le chemin est encore long à parcourir concernant l’accès à l’information pour la communauté sourde à travers les médias. Depuis quelques années, il y a eu un grand pas au niveau de l’accessibilité de l’info pour les Sourds grâce aux efforts fournis par les médias et la législation en France.

Que dit la loi sur l’accessibilité des médias pour les Sourds ?

L’accès à la télévision pour les Sourds

Avec la loi 2005 pour l’égalité des droits et des chances, L’Arcom (fusion du Conseil supérieur de l’audiovisuel – CSA et de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet – Hadopi) fixe des obligations d’accessibilité de certains programmes TV aux personnes sourdes et malentendantes, par du sous-titrage ou la langue des signes française (LSF).

Télévision : un sous-titrage règlementé pour les Sourds

Conformément à la loi, les chaînes de télévision dont la part d’audience est supérieure à 2,5 % de l’audience totale des services télévisés ont l’obligation de sous-titrer l’ensemble de leurs programmes (hors publicité), telles que France 2, TF1, M6, W9, etc.

Les chaînes TV ayant une audience inférieure à 2,5 % de l’audience totale des services télévisés ont l’obligation de sous-titrer entre 20 % et 60 % de leurs programmes : NRJ12, Gulli, L’Équipe, RMC…

À savoir que certaines chaînes ne dépassant pas les 2,5 % proposent des JT sous-titrés, comme BFMTV, France Info, Cnews ou LCI, avec l’appui de l’Arcom. Ce dernier a également fixé un nombre d’heures ou de matchs à sous-titrer pour les chaînes sportives.

Par ailleurs, il existe des dérogations prévues par la loi ou l’Arcom précisant que les chaînes n’ont pas d’obligation de sous-titrer certains programmes : publicité, bandes-annonces, téléachat, replay…

Le saviez-vous ?

Il existe deux types de sous-titrage dans l’audiovisuel :

➡️ les sous-titres pour les langues étrangères qui s’adressent principalement aux personnes qui ne comprennent pas la langue originale de la vidéo. Ces sous-titres sont la version textuelle du dialogue écrite dans une autre langue (par exemple : un personnage parle espagnol, ses paroles seront traduites dans une autre langue choisie : français, anglais, arabe, japonais, etc.). En France, les sous-titres sont généralement blancs sur fond noir.

➡️ les sous-titres pour les personnes sourdes et malentendantes (ou sous-titres SME) qui traduisent les paroles et les sons (coup de feu, porte qui claque, musique…) de la vidéo. En effet, les Sourds n’accèdent qu’aux informations visuelles du média. De plus, ces sous-titres ont plusieurs couleurs qui varient en fonction des situations : blanc (personnage qui parle à l’écran), jaune (personnage qui parle hors champ), rouge (bruits), violet (musique), bleu (pensées intérieures et voix off) et vert (langues étrangères).

Le sous-titrage des programmes télévisés est règlementé par une charte de qualité mise en place par l’Arcom. En effet, il est nécessaire de respecter plusieurs critères pour assurer une bonne qualité de sous-titrage : code couleur, orthographe, indications sonores et musicales…

Pour activer les sous-titres sur votre télévision, vous pouvez y accéder sur votre télécommande ou dans les paramètres « Accessibilité » de votre box.

L’accès à la télévision en langue des signes

Quelques chaînes de télévision proposent des programmes télévisés en LSF :

  • programmes standards (BFMTV du lundi au dimanche à 12 h, journal de 19 h en LSF sur France.tv, discours du Président…)
  • diffusion d’émissions spécifiques en LSF telles que Tout en Signes (informations régionales), L’Œil et la Main sur France 5 (LSF + sous-titrage) et certaines émissions de jeunesse.
Il existe une charte de qualité pour l’usage de la LSF pour l’audiovisuel, rédigée avec la collaboration de plusieurs acteurs (AFILS, FNSF, chaînes de télévision concernées, MDSF…). Pour une bonne qualité de la traduction en LSF, il est nécessaire de respecter plusieurs critères : l’incrustation de l’interprète doit occuper 1/3 de l’écran, tenue vestimentaire et cadrage adaptés… Pour en savoir plus sur cette charte : https://bit.ly/3V484md

Les aides techniques pour écouter la télévision

Vous portez des appareils auditifs ou des implants cochléaires ?

Il existe des accessoires techniques qui permettent de connecter vos aides auditives directement à votre télévision via Bluetooth. Il existe également des casques avec ou sans fil qui proposent un son amplifié. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre audioprothésiste pour obtenir plus d’informations sur ces accessoires. Par ailleurs, vous pouvez solliciter votre MDPH, l’Agefiph (secteur privé) / FIPHFP (secteur public) pour bénéficier d’une prise en charge financière de ces équipements.

L’accessibilité des sites web pour les Sourds

Concernant les sites web, l’accessibilité numérique (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité – RGAA) est une obligation légale pour les sites des services publics (mairies, collectivités territoriales, établissements publics) avec la loi du 11 février 2005. En revanche, la législation est moins catégorique pour les sites des entreprises privées françaises (à l’exception des structures liées à l’emploi des personnes en situation de handicap et ayant un chiffre d’affaires de plus de 250 millions d’euros).

Pour les personnes sourdes et malentendantes, il existe un média d’informations en ligne sur plusieurs thématiques (actualités, politique, société, écologie, culture, santé, éducation, infos pi sourdes…), Média’Pi. Cette association a été créée en juillet 2016 pour combler le manque d’accès à l’information pour les Sourds et pour donner plus de visibilité à la communauté sourde dans les médias. Toutes leurs vidéos sont 100 % accessibles et bilingues (français/LSF).

L’accès à l’information pour les Sourds sur les réseaux sociaux

Contrairement à la télévision et les sites Internet, il n’existe pas de loi à proprement parler en France pour l’accessibilité des réseaux sociaux pour les utilisateurs sourds et malentendants. Néanmoins, de plus en plus de plateformes comme Instagram ou TikTok proposent des contenus accessibles avec les sous-titres.

Par ailleurs, de nombreuses personnes sourdes sont présentes sur les réseaux sociaux pour informer et sensibiliser sur la surdité et la culture sourde auprès du public entendant. Leurs contenus sont généralement accessibles pour tout le monde (LSF, sous-titrage, interprète LSF).

L’importance de la représentation des Sourds dans les médias

Pendant longtemps, la communauté sourde a été sous-représentée et déformée dans les médias : personnages sourds joués par des entendants, désinformation sur la culture sourde… Ces dernières années, avec l’inclusion et la diversité qui sont au cœur de notre société, la communauté sourde sort de l’ombre en se révélant peu à peu à travers les médias.

La représentation des personnes sourdes et malentendantes dans les médias est essentielle pour plusieurs raisons. Elle permet de sensibiliser le grand public aux réalités et aux défis quotidiens auxquels sont confrontés les Sourds, contribuant ainsi à la lutte contre les préjugés et les stéréotypes. En voyant des personnages sourds (joués par de vrais acteurs sourds comme Marlee Matlin ou Troy Kotsur !) dans des films, des séries, et d’autres formes de médias, le public peut mieux comprendre la diversité et la richesse de la culture sourde. De plus, cette représentation offre aux personnes sourdes des modèles positifs auxquels elles peuvent s’identifier, ce qui est crucial pour leur estime de soi et leur sentiment d’appartenance. Enfin, une meilleure visibilité des Sourds dans les médias incite à des pratiques plus inclusives, comme l’augmentation de l’accessibilité des médias par le biais de sous-titres et d’interprètes en langue des signes, rendant ainsi la culture et l’information plus accessibles à tous. En somme, la représentation des Sourds dans les médias n’est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un moyen d’enrichir la société dans son ensemble.

Aller au contenu principal